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Territoire authentiquement soviétique, créé à partir d’une table rase ethnique et historique par la fuite et l’expulsion de tous les Allemands de Prusse orientale en 1945, la région fédérée russe de Kaliningrad est réputée être sans racine. En réalité, elle n’a pas été repeuplée pour la première fois en 1945 elle l’avait déjà été à partir du xiiie siècle par les Allemands aux dépens des Baltes païens de Borussie. Une suprématie colonisatrice et universaliste teutonique a tout simplement fait place à une autre, celle de l’URSS dont la Russie est ici l’héritière directe. En effet, Kaliningrad a suscité un long processus d’enracinement russe irréversible. Dr Olivier Roqueplo de L’Âage,universitéd’État de Novossibirsk, Russie, spécialiste de la géopolitique russe et germanique. Auteur de La Russie et son Miroir d’Extrême-Occident l’identité géopolitique de la Russie ultrapériphérique sous le prisme de l’Oblast de Kaliningrad. Une théorisation géopolitique du territoire russe, INALCO, sous presse. Dr Jekaterina Kenina, chercheuse en relations internationales, politologue, Harper College, États-Unis, et université d’État de Russie pour les sciences humaines RGGU. Elle est spécialisée dans la question de l’influence des élites intellectuelles dans le monde politique contemporain. La région est l’objet de revendications territoriales plus ou moins avouées de tous ses voisins, frères, ex-propriétaires Lituanie, Pologne, Allemagne, Bélarus. On note même l’intérêt de la Chine. Autant dire que cette terre de tous les vides suscite, plus qu’aucune autre dans la Baltique, des mémoires et des tentations de réenracinement national ou impérial. À la fois balte, germanique, slave et soviétique, Kaliningrad est une vraie ligne de faille de l’Europe où se joue l’issue du grand affrontement atlanto-eurasiatique. Kaliningrad russe l’océan, la victoire et les Romanov Kaliningrad est née parce que l’URSS souhaitait obtenir des ports situés les plus à l’ouest possible pour atteindre au mieux les détroits danois, donc l’océan mondial. Le but était stratégique, mais pas seulement militaire. De fait, c’est la pêche industrielle menée dans l’Atlantique puis au-delà encore qui a été le moteur du redéveloppement socio-économique et scientifique d’une région totalement dévastée par la guerre. Kaliningrad, c’est donc un grand port soviétique mondial dont le rôle n’a diminué qu’avec la perestroïka. Cette dimension ouest-russe de Kaliningrad est fondamentale. Ethniquement russe, mais bâtie sur l’ex-Prusse germanique, Kaliningrad fait partie d’un ensemble de régions russes plus tournées vers l’Europe que les autres, avec Saint-Pétersbourg, l’Ingrie, Pskov, Smolensk. Ce que nous appelons l’Europe russe » joue un rôle important dans le positionnement géopolitique de la Fédération qui semble toujours surtout tournée vers l’Ouest, à tout le moins culturellement. Kaliningrad, géo-historiquement morceau de l’Europe centrale, y attire la Russie et l’y ancre définitivement, tout en lui ajoutant une dimension germanique qui a souvent été la tête de l’État russe depuis Pierre le Grand. Kant, le philosophe de Königsberg-Kaliningrad, est le symbole revendiqué de ce lien à l’Europe. Or c’est avec ce passé-là que la Russie actuelle, politiquement très pétersbourgeoise, renoue aux dépens de l’héritage soviético-communiste controversé dans l’élite russe. Kaliningrad est aussi un lieu de mémoire russe. C’est d’abord le symbole territorial de la victoire sur le Reich l’URSS voulait ancrer son avancée sur le territoire de l’ennemi, et ce au nom d’une coalition de tous les Slaves Soviétiques, Polonais et Tchèques inclus contre le pangermanisme. Depuis 1991, seule cette région, avec un tronçon de la Carélie, et les Kouriles rappellent que la Russie soviétique a triomphé de l’Axe. C’est décisif quand on sait que la victoire de 1945 est l’une des rares mémoires qui réunissent un consensus large dans la société postsoviétique. Le 9 mai est la principale fête nationale. Et Kaliningrad en est comme l’incarnation géographique. Cette terre est donc directement liée à la redéfinition de l’identité russe, et à son prestige hérité de l’URSS, ainsi qu’à ses ambitions européennes et mondiales. D’où, réciproquement, un vrai acharnement médiatique atlantiste contre la région depuis 1991. Mais à travers Kaliningrad, on retrouve en Russie la mémoire de la belle victoire de Gumbinnen septembre 1914 et peut-être surtout celle des batailles napoléoniennes Eylau, Friedland, 1807 qui font partie de la littérature tolstoïenne que tout Russe connaît. Cette dimension historique assez ancienne rappelle aussi à l’État que la Prusse orientale du centre-nord n’est pas devenue russe pour la première fois en 1945 elle avait été conquise et déjà annexée officiellement par l’Empire de Russie pendant la guerre de Sept Ans de 1759 à 1762 et abandonnée pour un retournement d’alliances. Plus tôt encore, la Prusse orientale semble bien être le berceau des Romanov un prince balte païen de Prusse Borussie du xiiiesiècle, Glanda Kambila, chassé par les teutoniques, est le premier ancêtre connu des boyards moscovites qui accédèrent au trône russe en 1610 sous le nom de Romanov. Leibniz n’hésitait pas à dire à Pierre le Grand que la Prusse était son fief héréditaire ». Or les derniers Romanov ont été canonisés par l’Église russe en 2000 et ils sont devenus la référence historique russe utilisée par le Kremlin contre la référence communiste. De façon indirecte, mais historiquement fondée, la Prusse orientale russe a donc quelque chose de profond en commun avec le cœur de la Russie actuelle Europe russe comme Saint-Pétersbourg, tropisme occidental, origine d’une dynastie sanctifiée et identifiée au peuple russe dans son ensemble. À lire également Kaliningrad, concentré de la nouvelle confrontation russo-occidentale La Lituanie et son berceau de Lituanie mineure La Lituanie a fait partie de l’Empire de Russie, puis de l’URSS avec la Russie. Malgré ou à cause de cette communauté de destin historique, la Lituanie nourrit de véritables revendications territoriales sur une région aujourd’hui mono-ethnique russe. Ces revendications sont très anciennes et renvoient à la difficulté des Lituaniens à concevoir les limites, très floues et très larges, du territoire et de l’ethnie auxquels ils se réfèrent. Au xiiie siècle, au temps de la conquête teutonique et du prince de Prusse Kambila, la Lituanie sert de refuge aux païens baltes persécutés par les moines-chevaliers. Il semble que la Prusse orientale, alors balte et nommée Borussie ou Pruthénie, ait exercé une suprématie religieuse païenne sur les Lituaniens qui n’ont alors plus cessé de la revendiquer jusqu’à la fin de l’ordre Teutonique en 1525. La construction ethnolinguistique de la lituanité à la fin du xixe siècle a réchauffé cette revendication médiévale. Les nationalistes lituaniens formulent leur identité nationale sur la base d’une langue codifiée dans les confins prusso-lituaniens au xvie siècle par les pasteurs luthériens. C’est une langue intermédiaire entre les dialectes lituaniens donc pratique, et qui a pour elle le prestige de l’écrit. Elle fonde alors une revendication sur toute la Prusse orientale jadis de langue balte et spécialement sur tous les territoires au nord du Pregel nommés Lituanie mineure. Dès 1919, cette revendication est lancée officiellement aux dépens du IIe Reich vaincu, d’où l’annexion de la région de Klaipeda en 1923. Mais il reste encore la moitié sud, entre Niémen et Pregel, qui reste allemande. Pendant l’ère soviétique, cette question est posée plusieurs fois par les communistes lituaniens sans aboutir. Mais dès 1991, les députés nationalistes puis les ambassadeurs du pays et jusqu’au chef de l’État, V. Landsbergis, s’en emparent, malgré la reconnaissance des frontières russo-lituaniennes par traité mutuellement ratifié en 1997. Cette revendication se traduit symboliquement par le nom que ces nationalistes donnent à Kaliningrad région de Karaliaucius », version lituanisée du nom allemand Königsberg. Autant dire qu’ils refusent de reconnaître que la région a été intégralement repeuplée. Depuis 2016, on atteint le paroxysme des revendications lituaniennes. Elles portent maintenant sur tout le sujet fédéré Kaliningrad, et des porte-paroles de l’OTAN, notamment polonais, les ont soutenues officiellement. Ont-elles une réalité ? En temps de paix, elles restent de l’ordre du rêve ultranationaliste. Les capacités d’action politique lituaniennes sont très faibles, même à ses frontières immédiates. Cependant, dans le cadre d’une guerre OTAN-Russie, la Lituanie serait la première intéressée et pourrait, au vu des soutiens qu’elle a pu recevoir de différents pays de cette alliance, obtenir gain de cause. Mais c’est laisser de côté le problème du million de Russes qui habite le territoire en question. Or pour l’État lituanien, ces Russes sont des occupants » donc expulsables. La Lituanie se transformerait alors en recolonisatrice des terres de ses anciens frères de Borussie. La Pologne entre retour économique et rôle historique Tout comme la Lituanie, l’intérêt particulier de la Pologne pour la Prusse orientale est très ancien. C’est un Polonais, le duc Konrad de Mazovie, qui appelle les teutoniques pour soumettre les Baltes païens de Borussie. Les teutoniques conquièrent l’essentiel de la Borussie, mais se rendent indépendants ; la Pologne ne cesse alors plus de rappeler ses droits sur toute la Prusse orientale jusqu’à obtenir la souveraineté indirecte 1525 sur le territoire. C’est ainsi le roi de Pologne Sigismond II qui crée un duché de Prusse sur ce qui est à peu près notre région de Kaliningrad, et il garde son droit de révoquer le duc germanique. Voilà pourquoi la Pologne refuse catégoriquement de reconnaître le Royaume de Prusse des Hohenzollern jusqu’aux partages mortels de la Pologne le seul roi en Prusse ne peut être que le roi de Pologne. En 1918, une fois leur indépendance obtenue, les Polonais revendiquent bien un morceau de la Prusse orientale, mais ce n’est pas l’actuelle Kaliningrad. Ce n’est qu’en 1944-1945, dans le cadre des négociations internationales sur les nouvelles frontières de la Pologne que ce pays revendique toute l’actuelle Kaliningrad en compensation des pertes subies à l’est. Puis les Polonais se rabattent sur les territoires du sud du Pregel. Enfin, ils abandonnent face à la pression irrésistible de l’URSS. À partir de 1989, l’ouverture des frontières favorise une forte influence économique et linguistique polonaise sur toute la moitié sud de la région russe, Kaliningrad-ville comprise. C’est de facto surtout de Pologne que viennent les importations. Cette intégration progressive dans l’économie polonaise est du reste réciproque les régions de la Prusse polonaise sont elles-mêmes dépendantes du commerce avec Kaliningrad. Les intérêts polonais sont assez importants pour qu’on puisse poser la question de possibles revendications qui reprendraient celles de 1944 et du xviiie siècle. Des associations politiques minoritaires les ont formulées dans les années 1990 ; elles seraient logiques aujourd’hui dans une Pologne qui se voit en gendarme atlantiste de l’Europe du centre-est. Mais on ne les trouve pas au niveau officiel, et la Pologne a soutenu celles de la Lituanie en 2016. De facto, de tous les acteurs impliqués, la Pologne est de loin celui qui a le plus à perdre, car rouvrir la question des anciennes frontières allemandes, c’est à terme se condamner à perdre la moitié de son territoire acquis sur l’Allemagne en 1945. La RFA et ses Länder une double politique culturelle très efficace L’Allemagne occupe une place étrange dans la question est-prussienne. Bien entendu, tout le territoire de Kaliningrad lui appartenait de 1255 à 1945 et d’ailleurs avec une place particulière c’était là que se trouvait le cœur symbolique de l’État et de la dynastie prussienne des Hohenzollern qui se couronnaient rois et se faisaient enterrer à Königsberg, l’actuelle ville de Kaliningrad. Les deux millions de Prussiens expulsés en 1945 et réfugiés en RFA ont rajouté une strate de sens à ce haut lieu royal et national la Prusse orientale martyre de la guerre et de ses déplacements meurtriers de populations. C’est ainsi que jusqu’en 1990, la Prusse orientale comme tous les territoires à l’est de l’Oder-Neisse figurent sur tous les atlas de RFA comme territoires allemands sous occupation ». Le traité sur les frontières de 1990 met un terme à cette incertitude inquiétante. Mais dès 1985, les Länder se lancent dans une ambitieuse politique culturelle à destination des anciennes possessions allemandes. Cette politique aboutit, dès 2000, à un rétablissement spectaculaire du prestige du patrimoine allemand régional. Les acteurs allemands financent la restauration des bâtiments, la redécouverte de la littérature, de l’histoire et des grands hommes allemands de la région, enfin la langue. Le résultat à Kaliningrad est une recomposition identitaire qui fait apparaître un nouveau groupe, régionaliste, qui est russe, mais porteur de l’héritage prussien allemand. Ces Russes sont rarement germanophones, mais ils sont germanophiles et insistent sur leur spécificité culturelle, voire sur leur qualité de subethnos. Ce même phénomène de re-germanisation de la conscience culturelle est du reste observable en Silésie, Poméranie et Prusse polonaises. Dans le même temps, la RFA a gardé une retenue exemplaire sur la question il n’y a aucune revendication de sa part. Mais l’activisme intense des Länder qui la composent pourrait parfois faire penser le contraire. Et surtout une politique aussi efficace n’a plus besoin de revendications ce sont les locaux eux-mêmes, tout Russes qu’ils soient, qui se revendiquent du monde germanique et pourraient, le cas échéant, demander à y entrer. En 2016, la donne change. Avec la montée des tensions Russie-OTAN, des missions militaires atlantistes sont envoyées dans les pays baltes. Or celle envoyée en Lituanie est commandée par la RFA. Ce qui place soudain les militaires allemands à la frontière même de leur ancienne Prusse orientale. Le passage d’une relation culturelle privilégiée et de l’intérieur à une relation militarisée extérieure avec Kaliningrad rend le spectre d’une réannexion moins lointain qu’il n’y paraissait en 2010. Or la présence économique et politique allemande est très forte aussi bien en Prusse polonaise qu’en Lituanie. Cet encerclement allemand de facto de Kaliningrad fait réfléchir, même si seule une guerre paneuropéenne pourrait inciter la RFA à aller plus loin dans la re-germanisation. Le Bélarus l’autre héritier de l’URSS et de la Borussie Le Bélarus est systématiquement oublié quand il est question de Kaliningrad. À tort, car c’est un acteur important et très impliqué dans sa création. Les nationalistes biélorussiens estiment que Kaliningrad était majoritairement biélorussienne dans les premières années de l’après-guerre soviétique. Quoi qu’il en soit, le Bélarus a une histoire commune avec la Prusse orientale le Belarus c’est le Grand-Duché de Lituanie, puis la Pologne-Lituanie. Plus profondément encore, la vieille Borussie païenne s’étendait aussi sur le biélorussien Ruthénie noire. Aussi le Bélarus peut-il se tenir pour un des héritiers de cette Borussie, comme la Lituanie. Mais le Bélarus, lui, ne rejette pas l’ère soviétique, et donc peut cumuler les légitimités sur sa tête dans la course à Kaliningrad. Cette région russe a en effet un intérêt majeur pour le Bélarus enclavé elle est son débouché maritime le plus proche, et d’ailleurs, c’est par la Prusse orientale que le commerce historique biélorussien passait. Le président Lukashenko lui-même a eu une attitude ambiguë sur la région depuis les années 2000 en y manifestant un intérêt spécifique pour les terres agricoles. Le Bélarus n’est certes pas prêt à disputer Kaliningrad à la Russie. Mais il ne peut s’en désintéresser et figure sur la liste des prétendants en cas de retrait russe, surtout qu’il est un point de passage obligé pour les communications terrestres Moscou-Kaliningrad, et, potentiellement, Pékin-Kaliningrad. Or en 2020, l’union renforcée proclamée de la Russie et du Bélarus pousse en effet Kaliningrad vers un rapprochement toujours plus fort avec le Bélarus qui pourrait finir par capter à son profit une région dont elle a un réel besoin, géographie oblige. Reste à savoir ce que sera cette union tant attendue et pourtant si aléatoire depuis sa proclamation en 1999. Kaliningrad vers un débouché de la route de la soie ? En 2017, dans le cadre des tensions OTAN-Russie et de la coopération militaire sino-russe, et pour la première fois dans l’histoire, des navires de guerre chinois voguent au large de Kaliningrad et démontrent un intérêt pour la région. Sachant que la route de la soie passe par le Bélarus et aboutit déjà en Pologne, une présence chinoise à Kaliningrad ne serait pas étonnante à terme. Cet intérêt chinois prouve combien la valeur de Kaliningrad dépasse la taille modeste de cette région russe et combien les tensions qui s’y accumulent de tous côtés peuvent devenir explosives. Kaliningrad reste, comme jadis la Prusse orientale, un front stratégico-culturel entre les mondes de l’Ouest chrétienté catholique, Reichs, UE-OTAN et de l’Est Païens, Rus’, Empire mongol, puis Eurasie sino-russe. À lire également Les frontières de l’Europe
Articlestraitant de Nouvelles routes de la soie écrits par Mickaël BERTRAND . Seconde. Frise chronologique du programme de Seconde; Première HG. Histoire. Thème 1 – L’Europe face aux révolutions. La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation; L’Europe entre restauration et révolution (1814-1848) Thème 2 – La France dans l’Europe des
Le programme des nouvelles routes de la soie Belt and Road Initiative, BRI dévoilé par la Chine en septembre 2013 vise à faciliter, sécuriser dans plusieurs sens du terme et harmoniser les échanges commerciaux internationaux depuis et vers la Chine, ceux-ci s’intensifiant depuis le début des années 2000. Ce vaste projet qui porte principalement sur les transports terrestres et maritimes entraîne également des investissements dans d’autres infrastructures énergie et télécommunication notamment. Initialement prévue pour les échanges eurasiens, la carte des nouvelles routes de la soie 65 pays en 2015 n’a cessé depuis d’évoluer au fur et à mesure de l’adhésion de nouveaux pays ou organisations 139 pays en janvier 2020. En effet, ce projet que la Chine évaluait au départ à 1 000 Milliards d’USD et cofinancé par la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures BAII est perçu comme une opportunité, surtout par les pays isolés et les pays en développement dont les crédits consentis par les institutions historiques ne sont pas à la hauteur des investissements nécessaires pour accompagner leur croissance parfois proche des deux du risque de surendettement que pourrait entraîner le financement de chantiers de grande ampleur, la Banque Mondiale reconnaît néanmoins que la BRI contribuera à améliorer l’économie des pays participants et donc les conditions de vie de leurs citoyens sous réserve cependant que ces pays appliquent une politique de transparence et qu’ils prennent en considération les enjeux environnementaux, sociaux et de de la Réunion comme hub maritime en océan IndienDans l’océan Indien, La Réunion département et région française dont le PIB est de moitié inférieur à celui de la métropole, affiche une croissance mitigée et une chute des exportations de 12,5 % en 2018. Pourtant, lorsque la Chine adhère à l’OMC en 2001, l’île de La Réunion entrevoit très tôt l’opportunité de développer son économie. Devenue région ultrapériphérique en 2003, La Réunion officialise ses relations l’année même en signant un accord cadre avec la république populaire de Chine et une convention de coopération avec la ville portuaire de Tianjin, quatrième ville la plus importante de Chine en nombre d’habitants. Les retombées sont timides, mais l’île persévère. C’est à partir de 2009, avec l’ouverture d’un consulat à Saint-Denis, que les relations sino-réunionnaises prennent un nouvel élan. Un institut Confucius siégeant au sein de l’université de La Réunion est inauguré en 2010. L’année qui suit, la Chine accorde à La Réunion le statut de destination touristique autorisée, un graal pour l’île qui ne comptabilise quasiment pas de touriste chinois contrairement à ses voisines, Maurice et l’absence de ligne aérienne directe entre la Chine et La Réunion jusqu’en 2017 n’améliore pas la situation. Avec l’annonce du projet des nouvelles routes de la soie en 2013, l’île pense trouver une nouvelle voie. En effet, devant l'hésitation de Maurice à signer un accord sur la BRI alors qu’elle est la mieux placée sur la route maritime qui relie l’Asie à l’Afrique du sud, La Réunion ne cache pas son ambition de devenir le hub maritime des nouvelles routes de la soie pour le triangle Asie-Afrique-Australie. Le premier forum économique Chine-Réunion se tient en 2017 et La Réunion ouvre une antenne de Région à Tianjin en 2018. La Polynésie française comme un hub numérique dans le Pacifique sudDans le Pacifique sud, en Polynésie française collectivité française d’outre-mer, le tourisme contribuerait pour 13% à son PIB marchand, ce qui est peu compte tenu du potentiel de ses îles. Une raison est que ces perles du Pacifique situées à plus de 5 000 km de tout continent sont perçues comme des destinations inaccessibles, tant par l’éloignement que par le coût du voyage. A l’instar de La Réunion, la Polynésie française a vu dans l’ouverture et la croissance en devenir de la Chine une opportunité de développer son tourisme. Le Consulat général de Chine en Polynésie française ouvre ses portes en 2007. En mars de l’année suivante, la Chine accorde à la Polynésie française le statut de destination touristique agréée » puis l’université de Polynésie française accueille un Institut Confucius à partir de 2013. En 2015, le président de la Polynésie française signe un accord avec Hainan Airlines HNA pour le développement du tourisme chinois dans les îles. Cependant, suite aux difficultés financières de HNA en 2017, la fréquentation touristique chinoise ne progresse pas environ 5 000 chinois pour 216 000 touristes en 2018.Face à ces déboires, la Polynésie française étudie également d’autres leviers de croissance. Située à la croisée de 4 continents, la Polynésie française pourrait devenir un hub dans le Pacifique. Non pas un hub de transbordement, car elle est totalement excentrée des couloirs maritimes, mais un hub numérique. La Polynésie a accès au haut débit depuis 2010 par un câble sous-marin reliant Tahiti à Hawaï. Par sécurité, un second câble a été posé en 2020, reliant la Polynésie française à la Nouvelle-Zélande. La collectivité étant peu peuplée et se situant en fin de parcours de ces câbles, ceux-ci sont très largement sous-utilisés. Devenir le point de jonction entre les continents lui permettrait de tirer profit de ses surcapacités. Dans le cadre des nouvelles routes de soie le Chili envisage de construire un câble sous-marin qui le relierait à la Chine. Il s’agira du premier câble reliant l’Amérique du sud à l’Asie et la Polynésie française se situe sur le parcours. Le président de la Polynésie française a rencontré le président du Chili afin de confirmer l’intérêt du Pays pour le projet. La transparence comme moyen de légitimation de l'influenceLa récente politique d’ouverture de la Chine a entraîné l’ouverture de nombreuses résidences ou de services diplomatiques à travers le monde en un temps court. Il s’agit d’une procédure habituelle de chaque pays entretenant des relations avec la localité hôte ou ayant des ressortissants résidant dans cette localité d’avoir une représentation ou un service diplomatique sur place. Le fait que la présence diplomatique chinoise s’accompagne de l’ouverture d’instituts Confucius 541 instituts à ce jour s’inspire des démarches d’autres puissances pour promouvoir leur culture à travers le monde, notamment de la France 800 implantations Alliance française, du Royaume-Uni le British Council dans plus de 100 pays, de l’Allemagne 157 instituts Goethe et de l’Espagne 86 instituts Cervantes. Les investissements et aides aux investissements à l’étranger font également partie des opérations courantes réalisées par toutes les démarche inédite de la Chine est ailleurs. Elle est dans l’annonce au monde entier de son projet d’envergure internationale, à partir de septembre 2013, avant même d’avoir échangé avec les pays concernés, d’afficher clairement ses motivations et de publier les évolutions du projet et l’état d’avancement. En agissant ainsi, là où habituellement des échanges à huis clos précèdent les annonces publiques, là où il est difficile de connaître à l’avance et plus tard les plans stratégiques ou les véritables plans stratégiques des parties cette situation d’ailleurs fait partie des plans, en dévoilant ses plans ouvertement, la Chine a pris de court toutes les autres nations, coupé l’herbe sous le pied de quiconque avait d’autres plans non dévoilés et a mis sous pression ceux qui ont trop tardé à mettre en place leur propre transparence affichée tout en insistant sur les rapports gagnant-gagnant qui rend difficilement contestable le bien-fondé du projet, a conféré à la Chine un pouvoir d’attraction, ayant pour conséquence une avalanche de manifestations d’intérêt. Alors que certains projets n’entraient pas dans le cadre des nouvelles routes de la soie ce sont les pays candidats eux-mêmes qui justifiaient auprès de la Chine l’intérêt de les intégrer aux nouvelles routes de la soie, sans nécessairement solliciter une participation de la Chine dans les investissements par pour autant adhérer officiellement au projet en Europe de l’ouest par exemple, seuls l’Italie, le Portugal, la Suisse et le Luxembourg ont signé un protocole d’accord sur la BRI, toutes les grandes puissances sont membres de la BAII créée en 2014 spécialement pour le projet, excepté les Etats-Unis, dont il aura fallu attendre quelques années les premières réactions, des réactions d’inquiétude et de colère de n’avoir réagi plus tôt, sans nommément citer le projet des nouvelles routes de la soie.
CircuitInde, circuits Inde pas chers. | Partir pour un circuit en Inde, c'est aller à la découverte d'un pays de contraste et haut en couleur. Les palais de Jaipur, la Taj Mahal à Agra, les plages de Goa, l'effervescente New Delhi, les étendues désertiques du Thar font du pays une destination incomparable. A découvrir également en Asie L'Asie ABRITE PLUS DE LA MOITIÉ de la population mondiale. Zone de grandes civilisations dues à des peuples que l'on se représente volontiers sages et lettrés, elle a d'abord été objet d'étude des orientalistes — philologues, historiens, historiens des religions et spécialistes de littérature — avant d'attirer les ethnologues. Pour ceux-ci, elle présente des aspects contrastés de vastes régions, en Asie du Sud-Est insulaire notamment, sont restées à l'écart des grands courants culturels qui ont diffusé de l'Inde ou de la Chine jusqu'au Japon ; d'autres, en Inde, en Chine et plus encore au Japon, se situent à la pointe de la présentation régionale adoptée ici suit grosso modo le sens de la diffusion des grands courants de pensée. Elle va de l'Inde, aujourd'hui majoritairement hindouiste, naguère berceau du bouddhisme, jusqu'à l'archipel japonais, terminus de la route de la soie. Elle passe bien sûr par la Chine, immense pays à la fois socialiste, confucianiste et taoïste. Elle s'arrête en chemin sur l'Asie du Sud-Est et les régions himalayennes, qui apparaissent comme des zones de confluence, véritables carrefours où se rejoignent et s'affrontent les idées et les hommes. Raymond Jamous L'Inde est un sous-continent peuplé de près d'un milliard d'habitants parlant des langues diversifiées que l'on peut regrouper en plusieurs familles, indo-européennes, tibéto-birmanes et dravidiennes. C'est un pays d'une grande diversité géographique dont on retiendra les divisions suivantes les hautes terres himalayennes, les plaines indo-gangétiques du nord, les vallées alluviales du pays tamoul, le plateau du Deccan, chaque partie ayant son paysage, son agriculture, sa spécificité culturelle… 1. Le sous-continent Entre indologues et anthropologues le problème de l'organisation sociale L'approche du système des castes Les mécanismes des interactions De la caste à l' Les castes et l' La Les thèmes récents de la recherche indianiste2. L'aire culturelle D'une barrière naturelle les hommes ont fait un carrefour de Sociétés locales et pouvoirs Comparaisons La sociologie du bouddhisme et l'étude de la société laïque3. L'Asie du sud-est et du monde Les recherches en Asie du L'ethnologie du monde chinois4. Le Les sources anciennes de l'ethnologie Le face-à-face avec l' L'abondance des Perspectives Raymond Jamous RAYMOND JAMOUS, directeur de recherches au CNRS, membre du Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative », université Paris X-Nanterre Anne De Sales ANNE DE SALES, chargée de recherches au CNRS, membre du Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative », université Paris X-Nanterre Bernard Formoso BERNARD FORMOSO, professeur d'ethnologie, membre du Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative », université Paris X-Nanterre Laurence Caillet LAURENCE CAILLET, professeur d'ethnologie, directeur du Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative », université Paris X-Nanterre Il vous reste à lire 98 % de ce chapitre. Lesplus anciennes traces connues de la route de la soie remontent au milieu du premier millénaire avant J.C. Au XVe siècle, la route de la soie est progressivement abandonnée. La route tire son nom de la plus précieuse marchandise qui y transitait : la soie, dont les Chinois furent pendant longtemps les seuls à détenir le secret de fabrication; une route dessinée avec ses

Introduction Chapitre premier – Les représentations géopolitiques en ChineI. – Éléments de culture stratégiqueII. – Siècle d’humiliation et victimisationIII. – L’héritage des dirigeants de la République populaire Chapitre II – L’ancrage continentalI. – Géopolitique des frontières terrestres de la ChineII. – Une nouvelle route de la soie ? III. – Les soubresauts du partenariat avec la Russie Chapitre III – Le tournant maritimeI. – Le verrou taïwanaisII. – Frontières maritimesIII. – Rivalité stratégique avec l’alliance nippo-américaine Chapitre IV – Nouveaux horizons ambitions mondiales, empreinte globaleI. – Une géo-économie de l’expansion globale de la ChineII. – La Chine, une puissance africaineIII. – La non-ingérence, un principe en question Conclusion

Sousla dynastie des Song du Sud (1127-1279), toutes les familles de Hangzhou pratiquaient la sériciculture et produisaient de la soie, c'est pour cette raison que Hangzhou fut nommé « la ville de soie ». La zone Hangzhou
1La nouvelle ceinture économique de la Route de la soie » a été lancée par le président Xi Jinping à l’automne 2013, et fait partie des priorités définies par le gouvernement chinois pour les années à venir. Un vaste réseau d’infrastructures de transport, de pipelines et de télécommunications constituera le squelette physique d’un futur corridor économique » eurasien qui reliera la Chine à l’Europe occidentale par voie terrestre, via l’Asie centrale, l’Asie mineure, le golfe Persique, le Caucase et les Balkans ; et par voie maritime, via les mers de Chine, l’océan Indien et le golfe Persique pour déboucher en Méditerranée. La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures BAII, dotée de 50 milliards de dollars, et le Fonds pour la Route de la soie » qui dispose de 40 milliards de dollars, ont été mis en place tout juste un an après l’annonce du projet par Xi Jinping, afin d’injecter des investissements dans les infrastructures régionales. 2Malgré une rhétorique altruiste [1], il s’agit en fait pour Pékin de répondre à des priorités nationales et de servir principalement les intérêts économiques, politiques et stratégiques chinois. Si elle repose sur l’aura historique de l’ancienne route qui reliait les empires chinois et romain, les objectifs de cette nouvelle Route de la soie » sont en effet adaptés à des nécessités géopolitiques contemporaines, avec en ligne de mire une Asie affranchie de la présence des routes de la soie3Dans l’imaginaire collectif, le terme Route de la soie » éveille des images de caravanes de dromadaires chargées de marchandises rares et précieuses, voyageant à travers les déserts, d’un empire opulent à l’autre. Pour la Chine, il évoque une époque glorieuse durant laquelle la civilisation chinoise était florissante et l’Empire dominant au centre du monde connu – comme zhongguo, son nom chinois, le suggère. 4Il semble donc tout naturel que Xi Jinping, le promoteur du rêve du grand renouveau de la nation chinoise », ait choisi cette référence historique comme thème pour sa vision des nouvelles interactions chinoises avec l’Eurasie. La ceinture économique de la Route de la soie » et la Route de la soie maritime du xxie siècle » [yidai yilu] englobent une population de 4,4 milliards de personnes, avec un PIB collectif de 21 000 milliards de dollars [2], composé de marchés émergents à fort potentiel de croissance. Si la Chine entretient déjà des liens économiques et commerciaux étroits avec les pays compris dans ce vaste espace, depuis les républiques d’Asie centrale et la Mongolie jusqu’à la péninsule indochinoise et le sous-continent indien, les autorités chinoises espèrent que la libéralisation du commerce, l’intégration des économies enclavées aux marchés européens et asiatiques, et le renforcement de la coopération monétaire entre les pays reliés par le réseau d’infrastructures conduiront à la naissance d’une communauté de destins communs [3] » en Asie. La Chine espère aussi ancrer l’Europe orientale et l’ Asie occidentale » Proche et Moyen-Orient, pays du Golfe dans ce vaste réseau d’infra­structures. Au final, les routes, chemins de fer, pipelines, câbles de fibre optique et terminaux portuaires relieront trois continents par terre et par mer. Si cette vision se réalise, toutes les routes conduiront littéralement à Pékin. 5 Combler l’écart entre vision et réalité prendra du temps, mais la Chine a déjà jeté les bases d’une architecture régionale qu’elle envisage désormais d’étendre à tout le continent eurasien. Dès 2006, elle proposait notamment la réalisation d’un corridor un axe – deux ailes », reliant du nord au sud par chemin de fer et autoroutes Nanning région du Guangxi à Singapour, et d’est en ouest les sous-régions du Mékong et du golfe du Tonkin. Depuis lors, la liste des projets financés et construits par Pékin ne cesse de s’allonger et comprend notamment plusieurs pipelines reliant l’Asie centrale ou la Birmanie à la Chine, les voies ferrées Chongqing-Duisbourg Allemagne et Yiwu-Madrid inaugurées en 2014, le projet de ligne à grande vitesse Belgrade-Budapest, les ports de Chittagong et Hambantota ou le parc industriel de l’aéroport de Minsk. La Chine investira en outre 20 milliards de dollars dans les infrastructures indiennes d’ici à 2020, ainsi que 34 milliards de dollars dans le secteur énergétique, et 12 milliards dans les infra­structures pakistanaises routes, voies ferrées, réseau de fibre optique, métro de Lahore, port de Gwadar. 6Depuis son lancement officiel en 2013, la communication autour de la nouvelle Route de la soie a évolué. Le 8 mars 2015, le ministre chinois des Affaires étrangères a déclaré qu’elle constituerait l’un des thèmes centraux de la diplomatie chinoise L’accent sera mis sur la promotion de la connectivité grâce aux infrastructures et la construction de corridors économiques terrestres et de piliers de coopération maritime [...], afin de catalyser la revitalisation du continent eurasien dans son ensemble [4]. » Un groupe dirigeant [5] » spécialement dédié à la Route de la soie a été mis en place sous l’autorité du vice-Premier ministre Zhang Gaoli, afin de superviser la mise en œuvre du projet et de coordonner les efforts des agences en charge des affaires intérieures et de la politique étrangère [6].Un instrument au service de la politique intérieure et étrangère de la Chine7L’initiative chinoise répond à la fois à des impératifs économiques, diplomatiques et et stabiliser l’Ouest chinois8En 1980, Deng Xiaoping donnait la priorité au développement rapide des zones côtières chinoises, avec la conviction que leur croissance économique aurait naturellement des retombées sur le reste du pays. Mais les disparités entre régions orientales et occidentales de la Chine n’ont cessé de se creuser au cours des années qui ont suivi. Pour tenter de rééquilibrer le développement du pays, les autorités ont lancé en janvier 2000 le Programme de développement du Grand Ouest » [xibu da kaifa], qui s’est accompagné d’investissements massifs dans les infrastructures de transport et de communication, avec l’ambition d’accroître les échanges entre provinces riches en ressources naturelles et en main-d’œuvre, et celles à la pointe de la modernisation économique chinoise orientée vers l’export [7]. À travers le développement économique – doublé d’une politique de colonisation démographique par les Han –, les autorités centrales espéraient ancrer plus fortement les provinces du Tibet et du Xinjiang au cœur de la nation. 9Quinze ans plus tard, l’écart de développement entre les provinces chinoises est toujours significatif. Les effets de la politique gouvernementale dans ces régions, en particulier au Xinjiang, sont loin d’avoir atteint l’objectif de développement harmonieux polarisation sociale, violences ethniques, revitalisation du séparatisme et radicalisation religieuse d’une partie de la population ouïgoure ont atteint leur paroxysme lors des émeutes meurtrières d’Urumqi en juillet 2009, suivies par une nouvelle détérioration de la situation sécuritaire depuis 2013 [8]. À la violence civile répond la répression de l’appareil sécuritaire, sans possibilité visible d’apaisement à court terme. La progression de l’islam conservateur, vue par certains experts comme une forme de résistance à la domination chinoise [9], est en outre devenue une préoccupation croissante pour les autorités, généralement promptes à mettre en cause des forces hostiles étrangères » plutôt que de remettre en question la politique décidée par le Parti. 10Le projet de nouvelle Route de la soie reflète le lien que le gouvernement chinois établit entre développement économique et stabilité politique de ses marches [10]. Le Xinjiang est amené à être transformé en centre nodal où se cristallisent le commerce et les échanges avec l’Asie centrale, dans l’espoir que le dynamisme économique engendré permettra de réduire les inégalités de développement et d’atténuer les tensions sécuritaires. L’agrandissement de l’aéroport d’Urumqi, la rénovation de l’autoroute du Karakorum, les lignes à grande vitesse reliant Urumqi à Lanzhou et Xining, les routes connectant les postes frontières et ports secs de Khunjerab, Tashkurgan, Torougart, Irkeshtam et Khorgas aux voisins d’Asie centrale Tadjikistan, Pakistan, Kirghizstan, Kazakhstan, et peut-être à terme Afghanistan via le corridor de Wakhan, sont autant de projets qui permettront une plus grande connectivité avec l’ensemble de la économique régional11Un des objectifs officiels de la nouvelle Route de la soie est le développement économique régional. Lors du Forum de Bo’ao en mars 2015, le président Xi a publiquement exprimé l’espoir que le volume annuel des échanges entre la Chine et les pays de la ceinture et route » dépasse les 2 500 milliards de dollars dans une dizaine d’années [11] ». Le plan d’action du gouvernement chinois mentionne que la Route de la soie vise à promouvoir des flux économiques libres et ordonnés, une répartition efficace des ressources et une profonde intégration des marchés ; à encourager les pays le long de la Route à mieux coordonner leurs politiques économiques et à mener une coopération régionale plus large et plus approfondie, basée sur des normes supérieures ; et à créer conjointement une architecture régionale de coopération économique, ouverte, inclusive et équilibrée, qui profite à tous [12] ». 12La construction d’infrastructures est perçue par Pékin comme la première étape de cette intégration régionale, sans doute la plus aisée à réaliser compte tenu des faibles investissements étrangers dans les pays voisins. Mais à qui bénéficieront-ils au final ? À l’heure où la Chine est parvenue à la fin de l’ère de la croissance à deux chiffres, elle cherche désormais à s’adapter à ce nouveau normal [13] » en stimulant les exportations, en recherchant de nouveaux marchés, et en favorisant ses champions nationaux. Les contrats et subventions aux entreprises d’État chinoises impliquées dans les projets de construction de la nouvelle Route de la soie seront principalement destinés à renforcer leur position par rapport aux concurrents étrangers, offrant dans le même temps une opportunité de stimuler la croissance et de réduire les problèmes de surcapacités de son économie. 13 La prochaine étape devrait voir le renforcement de la coopération économique régionale, notamment grâce à la conclusion d’accords de libre-échange et de conventions d’échanges de devises. Les négociations relatives à la création du Partenariat économique régional global », ouvertes en 2013, pourraient à terme conduire à la création de l’une des plus grandes zones mondiales de libre-échange, incluant outre la Chine les dix pays de l’ASEAN, l’Australie, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande, et venant s’ajouter aux accords bilatéraux que la Chine a déjà ratifiés avec l’ASEAN, la Nouvelle-Zélande, le Pakistan, Singapour, Taipei et la Thaïlande. Peu à peu, la Chine compte tisser avec ses voisins un réseau de transports et de communications doublé d’un maillage de liens commerciaux, économiques et financiers, chapeautés par un ensemble de nouvelles institutions régionales dans lesquelles elle jouera un rôle diplomatique14Entretenir de bonnes relations avec ses voisins est à nouveau au cœur de la diplomatie chinoise depuis que Xi Jinping en a fait une priorité lors de la conférence sur la diplomatie de la périphérie » en octobre 2013. Le chercheur Michael Swaine indique que cette diplomatie consiste en l’utilisation de la puissance économique de la Chine pour développer un ensemble de relations avec les États périphériques de façon à modifier progressivement les termes de leurs interactions avec la Chine [14]. L’enjeu n’est rien de moins que de traduire la puissance économique chinoise en influence politique auprès de ses voisins, afin notamment que ceux-ci ne contestent pas la légitimité des intérêts vitaux » chinois [15].15Pékin a décidé le renforcement des relations le long de sa périphérie continentale à l’heure où les différends territoriaux en mer de Chine lui ont aliéné une partie des voisins de sa périphérie maritime. L’influence des États-Unis n’y est pas aussi forte qu’en Asie de l’Est, où Washington poursuit une politique de rééquilibrage » qui s’appuie fortement sur ses alliés traditionnels principalement des puissances maritimes, comme le Japon, la Corée du Sud, les Philippines, la Thaïlande et l’Australie, tout en cherchant à développer de nouveaux partenariats avec certains pays d’Asie du Sud-Est tels que le Vietnam et la Birmanie. En outre, alors que les États-Unis se retirent d’Afghanistan, la Chine envisage d’y prendre pied économiquement, suivant un modèle équivalent à ce qui a été réalisé en Asie centrale au début des années de grandes puissances16En réponse à la détérioration de ses relations avec l’Europe et les États-Unis après l’annexion de la Crimée, la Russie a commencé à montrer un intérêt plus marqué pour l’Asie. Bien que la Russie et la Chine aient des intentions et ambitions réciproques ambiguës, le partenariat stratégique sino-russe a connu un renouveau sous l’impulsion conjointe des présidents Xi et Poutine, qui se sont rencontrés neuf fois depuis 2013 [16]. Pékin a conscience qu’en concentrant plus particulièrement les efforts de sa diplomatie sur l’Asie centrale, le projet de nouvelle Route de la soie risque de se heurter à l’influence et au mécontentement de la Russie. Les élites chinoises prennent donc un soin particulier à présenter leurs actions dans la région en termes économiques plutôt que géopolitiques, et en termes coopératifs plutôt qu’exclusifs. Moscou, sur la réserve au départ, a finalement reconnu l’initiative chinoise comme complémentaire et non opposée à son Union eurasiatique, et les deux pays se sont mis d’accord le 9 mai 2015 pour se coordonner sur le développement des deux initiatives. Dans ce jeu d’équilibre entre grandes puissances, il reste à voir si la Chine sera en mesure de gérer avec succès ses relations avec la Russie alors qu’elle pénètre plus avant dans ce que cette dernière considère comme sa sphère d’influence restreinte. 17Les réactions de Washington au projet de nouvelle Route de la soie sont également scrupuleusement observées. Pour atténuer les craintes américaines de jeu à somme nulle », certains chercheurs suggèrent que les éléments non stratégiques, non compétitifs et non exclusifs » de l’initiative chinoise soient mis en avant et que la Chine favorise la coopération avec les États-Unis, en particulier dans le domaine de l’énergie [17].Desseins stratégiques18Bien qu’elle soit présentée publiquement comme un projet économique, la nouvelle Route de la soie possède également un volet stratégique. Dans sa Grande stratégie nationale » rédigée en juillet 2001, le général Liu Yazhou, devenu en 2009 le commissaire politique de l’université nationale de Défense, exhortait son pays à avancer vers l’ouest [18] ». Il envisageait notamment de créer des centres d’échanges économiques et commerciaux dans les régions frontalières, qui serviraient d’embryons pour un futur marché commun de l’Asie centrale, avec la Chine comme acteur principal. Il prônait en outre l’ouverture d’un pont terrestre entre Europe et Asie pour former une grande union économique euro-asiatique et développer des intérêts communs avec les pays occidentaux afin de neutraliser l’encerclement américain de la Chine ». 19La crainte de l’endiguement américain, thème récurrent en Chine, s’est considérablement renforcée depuis que l’administration Obama a annoncé en 2011 son pivot », ou rééquilibrage » vers l’Asie, qui se traduit notamment par le renforcement de ses alliances [19]. Depuis lors, les autorités chinoises ont cherché à affaiblir ce qu’elles considèrent comme une manœuvre américaine destinée à contenir l’émergence de la Chine. La mise en place d’une Route de la soie tournée vers l’Eurasie plutôt que vers un Pacifique dominé par les États-Unis peut alors se comprendre comme une possible réponse à cette préoccupation, envisagée par le général Liu dès 2001. 20 Par ailleurs, l’importance accordée à l’Asie centrale fait également écho à la théorie d’Halford J. Mackinder formulée voici plus d’un siècle dans The Geographical Pivot of History, selon laquelle le continent eurasiatique constitue la région pivot de la politique mondiale » –, ainsi qu’à des discussions plus récentes relatives à l’Eurasie comme échiquier [20] », où les grandes puissances joueraient un grand jeu [21] » pour accroître leur influence mondiale. Dans un article plus récent, Liu Yazhou fait référence à l’Asie centrale comme le plus riche morceau de gâteau offert par le Ciel à la Chine d’aujourd’hui [22] », et fait valoir que son importance stratégique réside en particulier dans sa richesse en ressources naturelles. Liu observe en outre que les voies maritimes par lesquelles le pétrole est acheminé en Chine sont sous la surveillance non seulement de la marine américaine, mais aussi de la marine indienne. La vulnérabilité de la Chine quant à la question de la sécurisation des ressources est flagrante ». 21Depuis plus d’une décennie, les stratèges chinois ont cherché à résoudre le dilemme de Malacca », détroit d’Asie du Sud-Est à travers lequel transitent 80 % des approvisionnements énergétiques de la Chine en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique de l’Ouest. La crainte d’un blocus maritime imposé par les États-Unis en cas de conflit en Asie de l’Est une option proposée par les critiques du concept Air-Sea Battle [23] » a conduit les penseurs chinois à tenter de contourner les voies de communication maritimes soumises à la domination navale américaine. La nouvelle Route de la soie, avec son réseau de gazoducs, oléoducs, routes et chemins de fer, pourrait permettre à la Chine d’importer des ressources énergétiques depuis ses fournisseurs d’Asie centrale et du Moyen-Orient par des trajets non soumis au contrôle américain. 22De façon générale, la nouvelle Route de la soie constitue une sorte de retour aux sources pour la Chine, traditionnelle puissance continentale plutôt que conquérante outre-mer. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant que les continentalistes » l’ont emporté sur les maritimes » la Route de la soie du xxie siècle s’étend aussi bien sur terre que sur mer. Wang Jisi, chercheur proche des élites dirigeantes, défend l’idée que la Chine devrait opérer un rééquilibrage stratégique vers l’ouest sans que cela ne provoque de tension entre identités continentale et maritime La Chine ne devrait pas limiter sa vision à ses côtes et ses frontières, ni à ses rivaux ou partenaires traditionnels, mais préparer un projet stratégique qui “regarde vers l’ouest” et “avance vers l’ouest”. » Car c’est dans cette région, explique-t-il, que se développera le potentiel de coopération sino-américaine dans les domaines des investissements, de l’énergie, du terrorisme, de la non prolifération, et du maintien de la stabilité régionale. Dans le même temps, il n’y aura quasiment pas de risque de confrontation militaire entre les deux [24] ». La question se posera alors pour la Chine en termes de capacités militaires pour défendre ses intérêts stratégiques à la fois sur le continent eurasien et outre-mer, et d’efforts diplomatiques, afin de gérer au mieux la compétition géopolitique avec les autres grandes puissances présentes en nouveau Plan Marshall ?23Peu après le Sommet de l’APEC à Pékin en novembre 2014, un éditorial du Wall Street Journal qualifiait le nouveau modèle » diplomatique chinois de nouveau Plan Marshall ». Selon les auteurs anonymes, les dirigeants chinois désirent ressusciter le système tributaire impérial durant lequel les nations asiatiques échangeaient leur loyauté contre la possibilité de faire du commerce [25] ». La comparaison de la nouvelle Route de la soie avec le Plan Marshall a été rejetée avec véhémence, et à de multiples reprises, par les élites chinoises. Pour le ministre des Affaires étrangères Wang Yi, l’initiative chinoise n’est pas un outil géopolitique et ne doit pas être considérée avec une mentalité obsolète de guerre froide ». Tous les pays sont traités sur le même pied d’égalité, et aucun d’entre eux ne saurait dominer le processus Ce n’est pas un solo chinois mais une symphonie interprétée par tous les pays concernés [26]. » Cependant, dans cette symphonie, la Chine, entourée de pays plus petits et économiquement plus faibles, semble plutôt faire office de chef d’orchestre et de compositeur d’une nouvelle partition dont elle seule détermine le rythme et la mélodie. Sous l’impulsion de Xi Jinping, la Chine prend désormais l’initiative de façonner l’ordre régional à sa main. 24Les dirigeants chinois ne se satisfont plus d’avoir à accepter un ordre mondial à l’origine duquel ils n’ont joué aucun rôle. Ils souhaiteraient désormais créer de nouveaux mécanismes et élaborer des normes plus conformes aux intérêts chinois [27]. L’OCS Organisation de coopération de Shanghai fut le premier exemple d’une institution régionale créée à l’initiative de Pékin, et la Route de la soie offre aujourd’hui de nouvelles possibilités de créations d’infrastructures régionales sino-centrées. L’intégration eurasienne favorisée par l’initiative chinoise ouvrira en effet sans doute la voie à la mise en place d’institutions économiques et financières la BAII en est un premier exemple, mais aussi, peut-être à plus long terme, dans le domaine de la sécurité. La Conférence sur les interactions et les mesures de confiance en Asie CICA, plateforme régionale à laquelle les États-Unis ne participent pas, et quasiment inconnue jusqu’à ce que Xi Jinping y prononce son discours sur le nouveau concept de sécurité en Asie en mai 2014, pourrait être amenée à prendre plus d’importance dans ce cadre. Xi y a défini sa vision de la sécurité en Asie, selon laquelle il appartient aux peuples de l’Asie de diriger les affaires de l’Asie, de résoudre les problèmes de l’Asie et de maintenir la sécurité en Asie. Les peuples d’Asie ont la capacité et la sagesse nécessaires pour parvenir à la paix et la stabilité dans la région par une coopération renforcée [28] ». Les autorités chinoises appellent par ailleurs régulièrement à l’abandon de la mentalité de guerre froide » – expression utilisée pour désigner le système d’alliances américaines dans la région Asie-Pacifique. C’est donc bien l’idéal d’une Asie affranchie de la présence américaine qui est défendu par les dirigeants chinois. 25Cette vision en est encore à ses balbutiements, mais la création par la Chine d’institutions parallèles a déjà été à l’origine de tensions entre les États-Unis et leurs alliés. Peu de temps après que la Grande-Bretagne ait décidé de rejoindre la BAII en dépit des fortes objections de Washington [29], la France, l’Italie, l’Allemagne, la Corée du Sud et l’Australie ont annoncé qu’elles intégreraient elles aussi la nouvelle banque. Cet événement soulève des questions plus générales l’attractivité économique de la Chine est-elle en mesure d’éroder le leadership américain en Asie ? Les puissances régionales seront-elles amenées à se rallier plus facilement aux objectifs politiques de la Chine en raison de son poids économique ? L’observation de la façon dont la Chine opère au sein des nouvelles institutions qu’elle crée dans le domaine économique ou de sécurité, ainsi que les réglementations et normes qu’elle favorise, permettra de déterminer quels objectifs stratégiques sont poursuivis et à quoi pourrait ressembler un système sous leadership 27La nouvelle Route de la soie nous offre une fenêtre d’observation sur la façon dont la Chine conçoit son rôle en Eurasie et au-delà. 28Les flux de biens, de ressources, de fonds et de personnes rendus possibles par un dense réseau d’infrastructures et gouvernés par des institutions économiques et financières régionales, participeront probablement à la prospérité du continent eurasiatique. La réalisation de la nouvelle Route de la soie permettra également à la Chine de créer une architecture régionale dotée de normes qui ne seront pas nécessairement favorables aux intérêts d’autres pays. Ces institutions sino-centrées pourraient également créer des divisions entre les États-Unis et leurs alliés. Xi Jinping souhaite clairement construire un nouvel ordre régional plus favorable à l’Asie [30] », ce qui implique un rejet des alliances américaines dans la région. La communauté de destins communs » prendra donc probablement la forme d’une entité uniquement asiatique, ce qui exclura de fait les États-Unis. Pour l’Europe se posera alors la question de son positionnement entre son allié américain et une Chine dont l’influence régionale ne cesse de croître. Notes [1] Voir notamment la feuille de route publiée conjointement en mars 2015 par la Commission nationale pour le développement et la réforme NDRC, le ministère des Affaires étrangères et le ministère du Commerce Vision and Actions on Jointly Building Silk Road Economic Belt and 21st-Century Maritime Silk Road », dont le préambule indique que cette initiative permettra à la Chine d’élargir et d’approfondir son ouverture, et de renforcer sa coopération mutuellement bénéfique avec les pays d’Asie, d’Europe, d’Afrique et le reste du monde. La Chine s’engage à assumer plus de responsabilités et d’obligations dans la mesure de ses capacités, et à offrir une plus large contribution à la paix et au développement de l’humanité ». Disponible sur . [2] [3] [4] [5] Un groupe dirigeant » [lingdao xiaozu] est une structure ad hoc, composée de cadres politiques de haut niveau, chargée de coordonner les efforts du gouvernement, du Parti et de l’armée, et d’établir des recommandations pour les instances dirigeantes. [6] [7] Lai, China’s Western Development Program Its Rationale, Implementation, and Prospects », Modern China, vol. 28, n° 4, octobre 2002, p. 432-466. [8] Plusieurs centaines de personnes ont été tuées et blessées au cours d’incidents récurrents affrontements en juin 2013 à Turfan, attaque d’un poste de police dans le district de Yarkand en décembre, tuerie à l’arme blanche de la gare de Kunming en mars 2014, attentat suicide sur un marché d’Urumqi en mai, nouveaux affrontements mortels à Yarkand en juillet, diverses explosions dans le district de Luntai en septembre. [9] J. Smith Finley, The Art of Symbolic Resistance. Uyghur Identities and Uyghur-Han Relations in Contemporary Xinjiang, Leyde, Brill, 2013. [10] N. Becquelin, Staged Development in Xinjiang », The China Quarterly, vol. 178, juin 2004, p. 358-378 ; R. Castets, Entre colonisation et développement du Grand Ouest impact des stratégies de contrôle démographique et économique au Xinjiang », Outre-Terre, n° 16, 2006, p. 257-272. [11] [12] Vision and Actions on Jointly Building Silk Road Economic Belt and 21st-Century Maritime Silk Road, Issued by the National Development and Reform Commission, Ministry of Foreign Affairs, and Ministry of Commerce of the People’s Republic of China », 28 mars 2015, disponible sur . [13] La thématique du nouveau normal » a été développée par Xi Jinping, notamment lors du sommet de l’APEC à Pékin en novembre 2014. Elle a trait à l’adaptation de l’économie chinoise au ralentissement relatif de la croissance NDLR. [14] Swaine, Chinese Views and Commentary on Periphery Diplomacy », China Leadership Monitor, n° 44, été 2014. [15] Taiwan 2003, le Tibet et le Xinjiang 2006 ont d’abord constitué les intérêts vitaux » chinois. La croissance économique, l’intégrité territoriale et la préservation du système communiste ont été rajoutés à cette liste en 2009, puis la mer de Chine méridionale 2010 et orientale 2013. [16] [17] T. Gong, [ Une ceinture, une route interprétations américaines du concept chinois de diplomatie du voisinage »], China Institute of International Studies, 19 décembre 2014, disponible sur . [18] Liu Y., [ Grande stratégie nationale »], 7 juillet 2001, dont la version anglaise a été publiée dans Chinese Law and Government, vol. 40, n° 2, mars-avril 2007, p. 13-36. [19] Voir, en particulier, le premier chapitre du Livre blanc sur la défense publié par Pékin en 2013, The Diversified Employment of China’s Armed Forces, qui décrit les alliances américaines en Asie-Pacifique comme source d’accroissement des tensions régionales. [20] Z. Brzezinski, The Grand Chessboard American Primacy and Its Geostrategic Imperatives, New York, Basic Books, 1997. [21] Le terme grand jeu », popularisé par le roman Kim de R. Kipling publié en 1901, fait référence à la compétition en Asie centrale entre empires britannique et russe au xixe siècle. Il est récemment réapparu pour décrire les luttes d’influence entre États-Unis, Russie, Chine et Inde dans cette même région. Voir, par exemple, A. Cooley, Great Games, Local Rules. The New Great Power Contest in Central Asia, New York, Oxford University Press, 2012 et M. Laruelle, Huchet, S. Peyrouse, B. Balci dir., China and India in Central Asia, A New “Great Game”?, New York, Palgrave Macmillan, 2010. [22] [23] Friedberg, Beyond Air-Sea Battle, The Debate Over US Military Strategy in Asia, Londres, Routledge, 2014. [24] J. Wang, “Marching Westwards” The Rebalancing of China’s Geostrategy », Institute of World Economics and Politics, Chinese Academy of Social Sciences, mai 2014. [25] [26] [27] Présentation de Wang Jisi, “One World, One Dream”? China and the International Order », à la Woodrow Wilson School of International Studies, université de Princeton, 8 avril 2015. [28] Xi Jinping, New Asian Security Concept For New Progress in Security Cooperation », discours prononcé lors du quatrième Sommet de la Conférence sur les interactions et les mesures de confiance en Asie, Shanghai, 21 mai 2014. [29] [30] New Asian Security Concept For New Progress in Security Cooperation », op. cit.
Eneffet, outre les commerçants et leurs marchandises, elle a aussi été parcourue par les créations de la pensée, du savoir- faire et de l'imagination humaine. Sur la Route de la soie, des dialogues se sont noués entre peuples divers, des idées nouvelles se sont diffusées et des techniques ont été transmises.
Attention, tromperie sur la marchandise ! La soirée de ce soir sur France 3 laisse espérer une enquête fouillée sur la route de la soie, cette route mythique constituée en fait de plusieurs itinéraires sur lesquels, jusqu'à l'ouverture des routes maritimes au XVIe siècle, les marchands d'Asie et d'Europe se croisaient, porteurs de denrées précieuses. En fait, l'émission Faut pas rêver » égrène des reportages sans autre logique qu'une progression ouest-est, de Venise à Xi'an, en Chine, via Istamboul et la cité des Doges, elle ne montre aucune évocation de Marco Polo qui prit la route de Pékin en 1271. À Xi'an, elle s'attarde sur l'armée de soldats de terre cuite de l'empereur Shi Huangdi, fondateur de la dynastie Qin au IIe siècle avant notre ère - soit bien avant la route de la soie - mais ne montre rien du vestige le plus évocateur des grandes caravanes du Moyen ge, dans la mosquée de la soirée est toutefois riche de belles rencontres. L'éleveur de pigeons de Cappadoce Turquie, les femmes récoltant le coton dans la vallée de la Ferghana Ouzbékistan, les producteurs de raisin du bassin de Turfan, aux portes du désert de Taklamakan, au nord de la Chine, reflètent un monde rural accroché à la terre. Les étapes les plus exotiques sont celles où le collectivisme soviétique ou chinois marque encore les producteurs de leur empreinte. En Ouzbékistan, les objectifs du Plan continuent de cadrer la vie des familles. À Khotan, l'usine de tissage de la soie semble tout droit venir des années évite tout commentaire politique. Aucune allusion à la guerre civile qui a ensanglanté la vallée de la Ferghana dans les années 1990 ni sur la situation tendue qui règne dans les confins musulmans de la Chine, à Kashgar. Le reportage évoque toutefois la décision des autorités de Pékin de raser les vieux quartiers de Kashgar et de transférer le marché aux bestiaux qui s'y tenait à la lointaine périphérie de la ville. Les buildings sont un bon moyen d'éradiquer le PLOQUIN . 385 462 51 743 125 35 314 148

berceau de la route de la soie du sud